Plus de mille kilomètres de méandres d’un large fleuve limoneux serpentant dans une immense forêt vierge;
des crues annuelles, en saison des pluies, de 6 à 8 mètres transformant les plaines en vastes lacs et les cases en maisons sur pilotis, où chacun se déplace avec sa pirogue; de multiples tribus féroces aux riches coutumes; des sculptures élaborées qui transmettent les légendes ancestrales; les Esprits du Crocodile et de l’Aigle bien vivaces; aucune piste ni électricité à des dizaines de kilomètres à la ronde; des averses diluviennes quotidiennes: le Sepik est bien toujours ce territoire d’exploration mythique qui fait rêver les ethnologues et les « Curieux du Monde » un peu fous dans notre genre!
Une des légendes, essentielle pour comprendre la mythologie commune des tribus de la région du Sepik, est celle de la femme Crocodile dont voici le récit qui nous a été conté:
« Alors qu’une jeune fille coupait du bois avec sa hache en pierre, un éclat de pierre vint malencontreusement blesser une sorcière. Pour se venger, la sorcière prit l’apparence de la grand mère de la jeune fille et lui demanda de venir pêcher avec elle en pirogue sur le fleuve Sepik. Elle lui demanda d’accoster sur une petite île et, après lui avoir révélé sa véritable nature maléfique, elle abandonna la jeune fille à son triste sort. Désespérée, celle-ci se mit à pleurer. Un petit poisson entend ces sanglots et vient écouter son histoire. Il va vite informer l’Esprit Crocodile au fonds du fleuve mais le poisson est trop petit pour être cru. Cependant l’Esprit Crocodile est contrarié par cette histoire et envoie un poisson un peu plus gros qui lui rapporte la même histoire et ainsi de suite avec plusieurs poissons de taille de plus en plus respectable. Finalement l’Esprit Crocodile va lui même rencontrer la jeune fille et lui propose de la sauver en se mariant avec lui. N’ayant pas d’autre choix, la jeune fille accepte et va vivre dans les profondeurs du Sepik. De cette union naissent deux aigles qui, en grandissant, auront la force nécessaire pour ramener leur mère à son village natal en la déposant sur un manguier. »
En principe l’histoire s’arrête là mais on suppose que c’est ainsi que la Femme Crocodile a pu transmettre aux humains le culte de l’Esprit Crocodile et les rites magiques de sa vénération qui sont encore si vivants aujourd’hui.
Tous les villages de la région possèdent leurs maisons des Esprits.
Il s’agit de temples, strictement réservés aux hommes initiés, qui abritent les objets sacrés réservés aux rites.
Les hommes s’y réunissent quotidiennement pour palabrer et prendre les décisions importantes concernant la communauté.
Chaque clan a propre plateforme, sous les auspices de son animal totem sculpté sur les poteaux.
Comme partout en Papouasie, les guerres tribales étaient très fréquentes et violentes. Ainsi la pratique de placer les têtes de ses ennemis sur des pierres dressées (encore noircies par le sang des victimes…) devant la maison des Esprits.
Sur le Moyen Sepik, dans la tribu des Yatmoul, l’initiation des jeunes hommes prend la forme de scarifications qui donnent à leur peau un aspect de peau de crocodile, ce qui est le but recherché.
Ces scarifications horriblement douloureuses, accompagnées d’un enseignement et de pratiques magiques, avec l’objectif symbolique d’évacuer le sang maternel, donnent ensuite le droit aux jeunes de pénétrer dans les maisons des esprits et de tenir leur rôle d’homme dans la Communauté.
Heureusement, les coutumes comportent aussi des danses « sing-sing » bien plus gaies, telle que la danse Kasoar.
Les plus belles sculptures sur bois de Papouasie sont réalisées au Sepik, et nous n’avons évidemment pas résisté longtemps…
Dans le Sepik, le fleuve c’est la vie: on s’y déplace, on y fait sa lessive et sa toilette, on y pêche.
Cependant le Sepik se mérite et on se doit d’accepter les dures conditions de vie locales,
malgré les moustiques,
mais avec leurs sourires d’encouragement!
11 octobre 2016 à 20 h 33 min
Bonjour Thierry et Frédérique
Les photos des parures sont magnifiques, on comprend mieux en les voyant pourquoi vous êtes allés si loin dans des contrées encore sauvages.
Il reste quand même quelques interrogations sur la façon dont vous arrivez à vivre dans un pays sans aucune infrastructure. Et comment réussissez-vous à entrer en contact et à échanger avec ces hommes et ces femmes dont la culture et le niveau de développement sont si différents des nôtres ? Nous sommes vraiment très admiratifs de vos talents d’explorateurs.
Nous sommes ravis que ce voyage se déroule comme vous l’aviez imaginé et souhaitons que cela continue encore longtemps.
Marlyse se joint à moi pour vous adresser toutes nos amitiés
Dominique