Vers l’an mil cent, Prince Titounawa et Dame Fredikachi suivent l’engouement des empereurs et des aristocrates de leur époque et entreprennent le pèlerinage du Kumano, lieu majeur de la croyance » Honji suijaku ».
Cette croyance, spécifique au Japon, fait converger le shintoïsme ( sorte d’animisme transcendé par des émanations divines appelées Kamis) et le Bouddhisme introduit au 9ème siècle dans le pays.
Nos seigneurs entament donc leur longue marche de Kyoto vers le Sud puis emprunteront le sentier du Kumano qui traverse, d’Ouest en Est, les montagnes abruptes et les profondes forêts de la péninsule Kii.
Ils chemineront pieusement vers trois grands sanctuaires sacrés, appelés Kumano Sanzan.
Tout le pèlerinage sera ponctué par des bains de purification dans les eaux des cascades et des rivières, par leurs dévotions devant des petits « autels » appelés Ojis et par leurs prières devant des stèles dédiées aux divinités ancestrales du Japon.
Prince Titounawa et Dame Fredikachi n’oublieront pas de déposer de nombreuses offrandes, car selon leur profonde conviction, les Kamis shintos du Japon originel, présents dans les montagnes sacrées du Kumano, sont aussi des manifestations des divinités bouddhistes.
Des dizaines de réincarnations plus tard, nous franchissons le plus ancien des Toris devant l’Oji Takijiri du Kumano qui marque notre entrée dans les Montagnes Sacrées: pays des dieux et des paradis célestes de réincarnations bouddhistes.
Tradition oblige, nous saluons par deux fois mains jointes puis tapons dans nos mains pour avertir les Kamis de notre présence au sanctuaire, et saluons une dernière fois profondément.
Notre première étape est une ascension assez raide: la souffrance mènerait à l’Eveil mais point trop n’en faut tout de même !
Nous nous immergeons dans ces forêts de cyprès centenaires à l’atmosphère envoûtante.
Les toutes petites statues votives au détours du chemin sont émouvantes dans l’immense verticalité des arbres.
Les petits papiers blancs autour des odjis nous y indiquent la forte présence des Kamis et ce pliage plissé du papier fait penser aux écorces des arbres alentour.
Comment ne pas croire furtivement en la bienveillance des Kamis lorsque les jeunes feuilles des arbres ressemblent à un vol de papillon ?
Nous ne nous arrêtons pas dormir dans les maisons de thé d’antan mais dans des minshukus, sorte d’auberges, où nous délassons nos membres fourbus dans de très chauds Onsen.
Au bout de trois jours de marche, nous atteignons le premier grand sanctuaire Hongu Taisha.
Nous sommes quelques peu submergés par l’ampleur du temple et nous mesurons ainsi l’impact de sérénité que nous avons vécu au cours de notre marche.
Nous atteindrons le deuxième haut lieux de pèlerinage par bateau traditionnel et à pied.
Un étrange phénomène transformera Frédérique temporairement en Dame Fredikachi sur une volée de grandes marches pavées montant jusqu’au temple Nachisan Seiganto-ji du Kumano, encadrée par des cyprès datant de 800 ans,
Ici, le spectacle de la Nature est grandiose.
La ferveur des pèlerins nous incite à rédiger un souhait de protection pour nous tous.
Et ici entrera notre dernier tampon sur notre livret de pèlerinage improvisé .
Le Bouddhisme n’a jamais vraiment touché notre cœur, et la pratique mercantile s’y exerçant dans les temples nous en éloigne encore plus. En revanche, la sacralisation shintoïste de la Nature appelle en nous le respect et l’émerveillement et sublime cette randonnée sur le Kumano Kodo en une expérience profondément marquante !
22 avril 2017 à 0 h 40 min
Merci mille fois. Je guette tous les jours pour voir si vous avez mis des nouvelles et je me suis un e nouvelle fois régalée. J’aime énormément vos tenues ☺.
Bises
22 avril 2017 à 7 h 52 min
Toujours très intéressant
Frederique est très belle en dame Fredikachi
22 avril 2017 à 11 h 04 min
Dépaysement complet. Y a y-il beaucoup de pèlerins ? On n’en voit pas sur les photos. Comment se passe la com. en japonais ?
Bises
M et JJ