Le pays Toraja est une très belle région montagneuse de Sulawesi, plantée de forêt aux essences vaçriées qui se côtoient d’une façon surprenante: pins et bambous, palmiers, cocotiers et fougères arborescentes… Les flancs des montagnes et leurs vallées sont tapissées de rizières en terrasses tel un patchwork de couleurs allant du vert vif des jeunes pousses au jaune paille du riz récolté.
C’est au milieu de ce paysage qu’apparaissent tels de grands bateaux à hautes proues et gigantesques poupes, les maisons typiquement Toraja.
Construite sur pilotis, la maison elle-même est en bois, entièrement gravée et peinte et surmontée d’un immense toit de bambous recouverts de palmes. Le grenier à riz, qui est une réplique en miniature de la maison principale se construit toujours face à elle.
Toutefois, la maison familiale est décorée de cornes de buffles qui rappellent le nombre de funérailles tenues dans la famille.
Cette architecture n’est point le seul aspect remarquable de la culture de ce peuple qui se distingue singulièrement dans son culte funéraire.
Lorsqu’une personne décède, elle est d’abord embaumée, traditionnellement avec des plantes désormais avec des injections chimiques. Placé dans un cercueil, le défunt va rester plusieurs mois voire années dans la maison familiale et ne sera pas considéré comme mort, mais malade, par les membres de la famille qui continueront à lui parler et « vivre » avec lui.
Une fois les fonds collectés, la famille va organiser les funérailles qui vont réunir exhaustivement tous les membres de la famille, les amis, les congrégations que le mort avait fréquentés, et ce pendant plusieurs jours.
Le cercueil sera exposé avec la « représentation » du défunt en bois ou en tissu et grâce à d’énormes hauts parleurs , des professionnels chanteront, ou plutôt hurleront des litanies, des louanges du défunt et féliciteront les participants.
Les petits enfants du défunt sont habillés de manière traditionnelle et participent aux festivités.
Cette cérémonie doit permettre au défunt de passer dans l’autre monde, celui des esprits, et le vecteur de ce passage est l’esprit du ou des buffles qui vont être sacrifiés en leur tranchant la gorge, pour cette occasion.
Pour rassasier tous les convives, les cochons tués en plein cœur et préparés dans une cuisson à l’étouffée dans des bambous , complèteront ainsi les agapes.
Personnellement toutes ces préparations sacrificielles nous ont plutôt coupées l’appétit !
Aux termes des funérailles, le cercueil sera acheminé dans la campagne. En effet, les Torajas qui demeurent profondément animistes, croient essentiel que nos corps reviennent dans la nature, et particulièrement dans la roche.
En fonction de la topographie, les Torajas creuseront des caveaux dans des énormes rochers ou bien déposeront les dépouilles dans les anfractuosités de grottes .
Afin de perpétuer le souvenir dans la mémoire des générations suivantes , des « tau-tau » seront sculptés pour représenter les défunts et seront disposés à l’aplomb des falaises où ils sont enterrés.
Ce séjour en pays Toraja a vraiment été une riche expérience !
8 septembre 2018 à 11 h 31 min
Superbe et j’ai l’impression de me retrouver dans les régions montagneuses du Vietnam où les montagnards qui ont la même racine ethnique que les Torajas ont à peu près les mêmes coutumes.