Après ces sept dernières années consacrées à explorer les contrées lointaines, avec un petit voyage familial dans le grand Sud marocain ce printemps,
8 juillet 2019
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Après ces sept dernières années consacrées à explorer les contrées lointaines, avec un petit voyage familial dans le grand Sud marocain ce printemps,
13 septembre 2018
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D’île en île…
2 septembre 2018
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Les volcans sont omniprésents en Indonésie. Ils savent nous rappeler leur présence à tout instant: silhouettes caractéristiques à l’horizon, plages de sable noir, secousses telluriques épisodiques et, hélas, tremblements de terre dramatiques comme à Lombok récemment.
Les volcan vedette (et actif!) de Java est clairement le Mont Bromo, serti dans son immense caldera.
On grimpe dans la nuit sur une arête élevée de cratère de la caldera pour saisir les premières lueurs du jour qui s’annonce.
Au loin le volcan Semeru crache un petit nuage tous les quarts d’heure.
Ensuite on redescend dans l’intérieur de la caldera semblable à une savane étrange en ce pays de jungles et de rizières.
Dans un décor digne de Burning Man (ou nous étions il y a exactement un an!) un temple Hindou accueille les pèlerins avant qu’ils ne déposent leurs offrandes à Ganesh, dans la bouche même du volcan fumant et éructant.
Le Kawah Ijen est pour nous tout aussi impressionnant avec son immense lac de soufre turquoise.
Longue montée dans la nuit avec coucher de lune,
Rencontre avec les quelques rares ouvriers qui descendent encore extraire les plaques de soufre au bord du lac avant de les ramener dans la vallée pour quelques roupies…
Lever de soleil magique!
23 août 2018
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Le pays Toraja est une très belle région montagneuse de Sulawesi, plantée de forêt aux essences vaçriées qui se côtoient d’une façon surprenante: pins et bambous, palmiers, cocotiers et fougères arborescentes… Les flancs des montagnes et leurs vallées sont tapissées de rizières en terrasses tel un patchwork de couleurs allant du vert vif des jeunes pousses au jaune paille du riz récolté.
C’est au milieu de ce paysage qu’apparaissent tels de grands bateaux à hautes proues et gigantesques poupes, les maisons typiquement Toraja.
Construite sur pilotis, la maison elle-même est en bois, entièrement gravée et peinte et surmontée d’un immense toit de bambous recouverts de palmes. Le grenier à riz, qui est une réplique en miniature de la maison principale se construit toujours face à elle.
Toutefois, la maison familiale est décorée de cornes de buffles qui rappellent le nombre de funérailles tenues dans la famille.
Cette architecture n’est point le seul aspect remarquable de la culture de ce peuple qui se distingue singulièrement dans son culte funéraire.
Lorsqu’une personne décède, elle est d’abord embaumée, traditionnellement avec des plantes désormais avec des injections chimiques. Placé dans un cercueil, le défunt va rester plusieurs mois voire années dans la maison familiale et ne sera pas considéré comme mort, mais malade, par les membres de la famille qui continueront à lui parler et « vivre » avec lui.
Une fois les fonds collectés, la famille va organiser les funérailles qui vont réunir exhaustivement tous les membres de la famille, les amis, les congrégations que le mort avait fréquentés, et ce pendant plusieurs jours.
Le cercueil sera exposé avec la « représentation » du défunt en bois ou en tissu et grâce à d’énormes hauts parleurs , des professionnels chanteront, ou plutôt hurleront des litanies, des louanges du défunt et féliciteront les participants.
Les petits enfants du défunt sont habillés de manière traditionnelle et participent aux festivités.
Cette cérémonie doit permettre au défunt de passer dans l’autre monde, celui des esprits, et le vecteur de ce passage est l’esprit du ou des buffles qui vont être sacrifiés en leur tranchant la gorge, pour cette occasion.
Pour rassasier tous les convives, les cochons tués en plein cœur et préparés dans une cuisson à l’étouffée dans des bambous , complèteront ainsi les agapes.
Personnellement toutes ces préparations sacrificielles nous ont plutôt coupées l’appétit !
Aux termes des funérailles, le cercueil sera acheminé dans la campagne. En effet, les Torajas qui demeurent profondément animistes, croient essentiel que nos corps reviennent dans la nature, et particulièrement dans la roche.
En fonction de la topographie, les Torajas creuseront des caveaux dans des énormes rochers ou bien déposeront les dépouilles dans les anfractuosités de grottes .
Afin de perpétuer le souvenir dans la mémoire des générations suivantes , des « tau-tau » seront sculptés pour représenter les défunts et seront disposés à l’aplomb des falaises où ils sont enterrés.
Ce séjour en pays Toraja a vraiment été une riche expérience !
22 août 2018
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2 août 2018
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Intrigués par l’expérience de Patrick Timsit dans l’émission « Rendez-vous en terre inconnue » d’il y a une dizaine d’années, nous sommes allés à rencontre du peuple Mentawaï afin de passer quelques jours avec eux.
L’expérience se mérite: il faut d’abord rejoindre l’île de Siberut à 5 heures de mer à l’est de Sumatra,
A l’arrivée, un quart d’heure à l’arrière d’un scooter pour rejoindre le magasin général du port afin d’acheter le tabac (en quantité!) que nous apportons en cadeau à la famille qui va nous accueillir et surtout les bottes en caoutchouc dont nous découvrirons bientôt combien elles sont essentielles.. .
Puis on charge nos sacs étanches sur une pirogue pour remonter pendant 2 heures la rivière sans se tromper enotre ses différents bras,
L’accueil au ponton est chaleureux mais trompeur,
en effet il nous faudra encore crapahuter deux bonnes heures dans la jungle équatoriale extrêmement humide en équilibre sur les troncs du chemin en évitant de nous enfoncer jusqu’aux genoux dans une boue rappelant les sables mouvants…
Trempés par les averses tièdes (nous sommes sous l’équateur) nous arrivons enfin à la maison commune cernée par la végétation.
Construite sur pilotis, ouverte sur la forêt, avec une grande salle où l’on dispose nattes et moustiquaires pour la nuit, avec deux foyers à l’arrière: il s’agit d’une Uma, permettant d’accueillir plusieurs générations (plus 4 chiens, 2 chats, les poules à l’occasion, tandis que les porcs se baladent en dessous…)
La maison est joliment décorée avec des crânes de singe permettant de conserver leurs esprits bénéfiques.
La bonne d’implantation d’une maison Mentawaï implique la proximité immédiate de la rivière ainsi que beaucoup de forêt pour laisser ses animaux s’y nourrir. Il n’y a donc pas de village en tant que tel, mais des maisons indépendantes espacées à 15 mns de marche environ (pour eux, car il nous faut pratiquement le double!)
Et oui, les Hommes-Fleurs résistent aux pressions de la modernité et préservent leur savoirs, leur culture et leur liberté!
Ils se parent de fleurs fraîchement coupées et arborent fièrement leurs tatouages traditionnels, sans quitter leurs longs coupe-coupe ni leur arc dès qu’ils se déplacent en forêt.
Ces indiens Mentawaï ont fait le choix délibéré de continuer à vivre libre de manière traditionnelle dans la forêt afin de conserver leur autonomie quasi complète:
. les fruits sont omniprésents. Nous sommes en pleine saison de durians, ces fruits au parfum si fort qu’ils sont interdits dans les hôtels et les avions. Tout le monde en raffole sauf Frédérique hélas!…
. L’arbre Sago fournit une pulpe farineuse nourrissante, cuite dans des feuilles de palme. Un seul arbre suffit à alimenter une famille pour plus d’un mois!
. Il ne reste plus beaucoup d’animaux sauvages (qu’ils chassent depuis toujours) mais des porcs qui nettoient les abords de la maison, des poules que l’on nourrit d’un tronçon sago qu’elles picorent allègrement.
Et puis on obtient un complément appréciable de protéines avec les gros vers jaunes qu’il faut savoir trouver dans les souches pourries de l’arbre sago (toujours lui!).
Cuits au feu de bois en brochette, ils ont un goût de lard grillé…
Les femmes confectionnent des filets permettant d’attraper des petits poissons sous les racines à la rivière.
Côté vêtements, pas de problème non plus: un arbre spécifique fournit une écorce souple dont on va assouplir les fibres à grands coups de battoir, puis que l’on va laver à grande eau, essorer et faire sécher.
On se retrouve ainsi avec une longue bande de tissu végétal qui, habilement nouée, constitue un élégant cache-sexe / pagne du meilleur effet!
Pas d’électricité, pas de communications, pas de télévision, pas de smart phones: donc peu de tentations!
L’achat extérieur le plus important est, hélas, le tabac qu’ils consomment abondamment tout au long de la journée. Il s’agit maintenant d’une coutume sociale essentielle: toute rencontre, tout palabre est ponctué par un échange de cigarettes, que l’on fume ensuite intensément.
Nous nous interrogeons toujours sur l’authenticité et l’impact de nos séjours ethno-touristiques.
En l’occurrence, notre impact est léger car très peu de touristes s’aventurent jusque là, ainsi notre famille ne recevra moins d’une dizaine de visiteurs durant l’année. Ces visites, avec la vente des porcs au village du port, sont une source de revenu bienvenue qui leur permet de conserver leur liberté.
L’authenticité de notre expérience est forte car leur mode de vie ancestral est réellement préservé en leur assurant un quotidien serein et épanoui. Et puis, en cas de souci de santé grave et pour l’éducation des enfants, il y a toujours la maison des membres du clan qui ont choisi la vie « moderne » au village structuré par le gouvernement à deux heures de pirogue.
25 juillet 2018
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Une journée bien divertissante sur l’île de Samosir!
Située au centre du lac Toba, plus grand lac d’Indonésie occupant une immense caldeira, l’île de Samosir reste encore bien isolée avec ses légendes, ses symboles et son droit coutumier.
Nous ne saurons jamais ce qui relève de la tradition ou des explications fantaisistes des guides, mais voici un petit échantillonnage bien croquignolesque pour vous donner le sourire.
« Une dynastie héroïque »
Il y a fort, fort longtemps, une tribu investit l’île de Samosir pour y créer un royaume.
Bien que le premier roi ait eu une nombreuse progéniture, il marqua sa préférence pour un de ses petit- fils qu’il portait souvent sur ces épaules. C’est ainsi que le roi et l’enfant sont représentés sur son cercueil pour marquer leur attachement .
Ce roi investit de ses pouvoirs souverains son petit fils qui lui succéda.
Durant le règne du second roi, d’autres tribus vinrent guerroyer pour établir de nouveaux royaumes.
Fortuitement un sage musulman de Aceh était venu sur l’île pour pratiquer la méditation.
Une furieuse bataille entre le roi et les assaillants du trône surprit le sage alors qu’il s’était dévêtu pour faire ses ablutions. Effrayé, il s’enfuit à toutes jambes et en perdit son sarong.
C’est alors que les attaquants rendirent leurs armes, tétanisés par sa nudité! Il reçut bien entendu tous les honneurs et les remerciements du royaume et figure ainsi pour l’éternité sur la tombe du second roi.
Cependant, pudeur oblige, notre héros cache son intimité de sa main!
La version épurée de Lonely Planet mentionne que le second roi est représenté avec son garde du corps… la légende est autrement plus drôle !
« Péchés bien léchés! »
Ces sculptures appelées Gajah Dumpak figurent à l’extrémité des poutres du plancher des maisons Batak. Mi-éléphant, mi-humain , elles permettent d’expier tous les mauvais comportements. Il suffit juste de les lécher en public!
« Une justice cannibale »
Après palabres, l’accusé était conduit à son lieu d’exécution. Le roi était assis sur le plus haut banc de pierre alors que les dignitaires l’entouraient.
Un grand sorcier, muni d’un bâton rituel, parcourait l’aura du prisonnier. Lorsque le bâton frémissait telle une baguette de sourcier, la culpabilité était alors définitivement avérée.
Le condamné était alors décapité, sa tête mise sur un piquet, ses membres éparpillés et le reste de son corps était découpé et mangé par la tribu. Ce cannibalisme rituel permettait de mettre un point final au mauvais esprit du condamné.
« Une histoire de Blanchiment »
Chaque peuple a ses rites funéraires. Ici les Batak-Toba enterrent d’abord leurs morts puis, quelques années plus tard, ils les exhument pour recueillir leurs ossements, pour les nettoyer et les polir consciencieusement. Au cours d’une grande fête, les Batak-Toba replaceront ces ossements dans un linceul et les enterreront définitivement dans un mausolée familial.
Ces caveaux ponctuent régulièrement le paysage de l’île, en bord de lac ou sur des collines, du plus imposant au plus simple, imitant pour certains l’architecture d’une maison Batak Toba.
21 juillet 2018
par admin
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Faire un trek dans la jungle de Sumatra pour découvrir les orangs-outans est un rêve que nous venons de réaliser !
Mais cela ne va pas de soi: ni par l’accès qui reste difficile, ni par les menaces qui pèsent encore sur ces animaux.
Leur déclin démographique est de plus de 80% depuis le milieu du 20 ème siècle et les orangs-outans figurent de nos jours dans la catégorie des espèces en danger critique d’extinction.
La cause est simple: la majeure partie de leur habitat sur l’île de Sumatra a été détruite au profit de plantations de palmiers à huile.
En 1981, le Parc Gunung Leuser sanctuarise ce qui reste de la jungle primaire de Sumatra en gagnant, grâce à son inscription à l’Unesco, un statut patrimonial de réserve de biosphère.
Le combat de protection continuera malgré tout de haute lutte contre les dérogations accordées par le gouvernement indonésien autorisant de poursuivre l’expansion des plantations de palmiers dans le parc d’une part et contre les coupes sauvages des grands arbres tropicaux par les autochtones.
Conjointement à la préservation de la forêt, le village de Bukit Lawang (point principal d’entrée) a développé depuis 30 ans un programme de réinsertion dans la jungle des orangs-outans blessés, orphelins ou capturés pour la vente. Outre l’aspect pratique de leur apprendre ou ré-apprendre à se nourrir par eux-mêmes par la connaissance des fruits, des insectes… Ce centre a également mis en place une vraie cellule psychologique pour leur permettre de surmonter les traumas qu’ils avaient subis.
L’ourang-outan est doté d’une belle intelligence et d’une forte sensibilité affective. Son espérance de vie est de 30 à 40ans, la gestation dure 9 mois et le petit reste accroché à sa mère pendant plus de 2 ans.
Tous ces efforts commencent à être récompensés et Bukit Lawang est un des uniques endroits où l’homme peut rencontrer des orangs-outans à l’état sauvage.
Sans naïveté nous comprenons bien la situation paradoxale que nous créons en tant que touristes. Notre présence pour l’instant favorise économiquement l’effort louable de protection de la jungle et des orangs-outans. Cependant il est néfaste que ces « hommes des bois » traduction en malais de orangs-outans) fréquentent trop les humains en perdant leur autonomie et leur authenticité.
Pourtant quel bonheur de partager ces moments privilègiés!
Surprise de repérer ces grosses « boules » orangées dans le feuillage des grands arbres
Émerveillement devant le déplacement harmonieux et calculé de ce nomade de la canopée qui construit son lit de feuilles chaque jour et ne dort jamais deux fois au même endroit.
Leur regard très humain donne l’impression d’un vrai sentiment d’échange, nous sommes sous leur charme!
PS: Merci de ne pas laisser de commentaire sur le blog mais de nous ecrire directement par email.
Aussi, n’hesitez pas à cliquer sur les photos afin de les afficher en grand.
17 février 2018
par admin
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Après une rapide course dans son village, notre riche négociant Lala est impatient de regagner sa belle haveli. Il attend depuis plusieurs jours le passage d’une caravane de la route de la soie. Il est fier de se rappeler que depuis quatre générations, sa famille d’origine marwari s’est implantée dans cette région du Shekhawati, et qu’en ce premier quart du 19ème siècle, ses affaires prospèrent plus que jamais.
Aussi, sa demeure doit elle être attractive pour les marchands et être une démonstration de sa réussite. Lala n’a pas hésité à solliciter des artisans réputés pour recouvrir entièrement ses façades avec des fresques en alternant de grands motifs avec des balcons et des loggias en pierre très finement ouvragés.
Comme toute haveli, son agencement interne respecte scrupuleusement les usages sociaux et les impératifs familiaux ainsi que la séparation hommes/femmes.
Bien que la bâtisse soit massive, l’entrée est réduite à une solide porte tant pour la sécurité que pour la discrétion et ouvre sur une première cour bordée de deux salles dans laquelle Lala peut recevoir ses hôtes pour parler affaires et les loger éventuellement.
Pour flatter sa clientèle la plus fortunée, Lala a aménagé un des salles avec une magnificence exceptionnelle : des scènes mythologiques sont surmontées par une frise de Krishna, divinité titulaire chez les Shekhavats, dansant avec ses gupis (ou groupies en terme moderne!) et le bleu caractéristique du visage de Krishna est illuminé par tout l’or des plafonds.
En revanche, les hôtes ne franchiront jamais la magnifique porte de teck de Birmanie, finement ciselée et protégée par Ganesh, gardien du seuil qui donne accès à la deuxième cour.
Ceux sont ses quartiers privés et notre notable a tenu à y réaliser une décoration exquise. Il n’a pas résisté à la coquetterie de se faire peindre en train de peigner sa moustache.
Comme les femmes mariées ne pouvaient sortir de l’haveli, Lala faisait peindre des fresques relatant les événements contemporains.
Heureusement, qu’un moucharabieh discrètement placé, permettait tout de même aux femmes d’épier les visiteurs.
Dans cette seconde cour, la famille au sens large cohabite: la réserve d’eau dans les poteries et la cuisine sont partagées,
Les enfants jouent sur du sable au centre de la cour, une sorte de basilic sacré y est planté pour tous les protéger.
Chacune des familles peut jouir d’un espace privé fermé .
Lala s’est réservé une des chambres les plus grandes du premier étage, qui donne à la fois sur la cour intérieure et sur le toit. De son toit terrasse,
il peut surveiller si tout se déroule bien dans son caravansérail, attenant à son haveli. Lala ne sait pas encore que les progrès techniques des transports vont supplanter les routes traditionnelles des caravanes chamelières et que le commerce va évoluer avec la présence des Britanniques et la concurrence de la Compagnie des Indes. Mais bon sang ne saurait mentir: les générations suivantes prendront d’assault le business de Bombay et de Calcutta, et fidèles à leur Shekhawati, elles continueront à embellir leur opulente demeure en se singularisant par des fresques étonnantes de la modernité du début du XXème siècle.
Aujourd’hui les havelis ne sont plus habitées que par des gardiens « d’époque »,
Elles sont noyées dans le tissu urbain,
Certaines ont même été transformées en école,
Alors que d’autres font l’objet de restaurations attentives.
11 février 2018
par admin
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Ce voyage nous a fait comprendre la position géostratégique de ce pays au cours de sa longue histoire maritime.
C’est le pays de la péninsule qui présente la plus longue façade côtière sur la mer d’Arabie, sans nécessité pour les bateaux de pénétrer dans la Mer Rouge pour atteindre l’Arabie Saoudite ou le Golfe Persique pour les Émirats.
Pendant des siècles, Oman a bénéficié de cette voie maritime directe entre l’Afrique, l’Inde et la Chine qui lui a permis de commercer autant avec des comptoirs en Afrique de l’Est et Zanzibar pour le trafic d’esclaves qu’avec l’Inde pour ses épices ou la Chine pour ses céramiques.
Ces échanges marquent encore le pays culturellement dans son artisanat et sa cuisine.
Toutefois, l’impact sera infiniment plus significatif avec une arrivée massive de milliers de pakistanais, bengalis et indiens autour des années 1970.
A cette époque, le nouveau sultan décida à son arrivée au pouvoir de faire sortir son pays de son ère moyenâgeuse en utilisant la manne du pétrole. Il va mener une politique de développement intense: mise en place d’une infra structure routière surdimensionnée dans tout le pays, création d’écoles et d’hôpitaux, « pacification » du pays par la présence de nombreux postes de police qui ressemblent à des casernes militaires et édification de grandes mosquées.
Mais voilà: les Omanais d’il y a cinquante ans, sont des gardiens de chèvres ou des agriculteurs, et peu d’entre eux sont capables de soutenir ce développement radical.
Le Sultan va résoudre cet obstacle par ce flux massif de ressources humaines: les indiens pour la matière grise et les autres pour la main d’œuvre.
Ces étrangers n’auront jamais qu’un visa de travail, ne pourront pas accéder à la propriété ni à la nationalité et ne bénéficieront pas de la gratuité de l’éducation ni des soins médicaux.
En revanche, les Omanais, compétents ou pas, seront essentiellement employés dans les administrations et vivront de leurs rentes foncières puisqu’ils restent seuls propriétaires et que les étrangers sont dans l’obligation de louer.
Une discrimination claire, simple et sans ambiguïté . Tout ce qui s’affaire (commerçants, restaurateurs, manœuvres, ouvriers agricoles) est étranger.
Ce double système économique et social confère aux Omanais un éden fictif dont l’avenir à court terme semble condamné. En effet, leurs ressources pétrolières, qui déjà étaient initialement faibles en comparaison aux pays voisins, devraient s’épuiser à l’horizon d’une vingtaine d’années.
Comment ces privilégiés omanais vont prendre en main la situation?
Comment ces hyper infrastructures vont elles se rentabiliser, pourquoi poursuivre une viabilisation intensive du territoire et du désert avec un nombre de population insuffisante pour y habiter, quelles sont les raisons de ce maillage de gigantesques postes militaires déguisées en postes de police, quels vont être les schémas économiques post-Pétrole?…
Beaucoup de questions restent en suspens dont nous n’avons pas trouvé de réponses pour la plupart.
Certes, l’ambition d’établir un port d’envergure mondiale sur la mer d’Arabie est en cours de réalisation et concurrencera probablement sévèrement Dubai puisqu’Oman contrôle en partie le Détroit d’Ormuz à l’entrée du Golfe Persique.
Ce retour à la grandeur maritime du Sultanat va certainement booster l’économie tout comme l’accent mis sur le développement touristique ; cependant l’organisation Omanaise devra inexorablement s’adapter à cette ouverture sur le monde.
Quant à la question de la place de la femme omanaise, le sujet est plus que délicat.
Nos yeux d’Occidentaux se révoltent de voir ces femmes voilées de noir de pied en cap et, telles des « Fantômes Belphégors », suivre à deux ou trois leur fier mari, élégamment vêtu de sa longue robe blanche (dishdasha) immaculée et coiffé d’une kumma (toque blanche aux motifs pastels).
Deux origines identifiées à cette tenue complète du niqab: l’intransigeance religieuse wahhabite d’Arabie Saoudite qui s’est implantée dans une seule région particulière d’Oman et la longue tradition bédouine qui veut protéger leurs femmes des rapts des clans ennemis. Les bédouines portent systématiquement leur masque et toute présence étrangère même féminine leur semblent hostile.
Il n’en reste pas moins que presque toutes les femmes portent à l’extérieur de leur maison une abaya noire (ample robe qui traîne sur le sol pour cacher aussi les pieds) ainsi qu’un voile qui dissimulera tout ou partie du visage.
Un Imam fort distingué ( éduqué en Angleterre et expatrié quelques années à l’étranger) m’expliquera avec un prosélytisme discret que la religion ibadite pratiquée à Oman est très tolérante – ce qui est relativement vrai- . Avec quelques pertinents versets du Coran, il justifiera l’importance pour tout croyant de porter une tenue humble, et combien la femme ainsi vêtue est libérée de la séduction qu’elle pourrait involontairement exercer sur les hommes. Ainsi la personnalité de la femme omanaise peut pleinement s’exprimer sans aucune interférence.
Quel parfait sophisme!
Empêcher la femme d’avoir un quelconque droit à être physiquement identifiée et reconnue dans ses relations sociales avec l’extérieur équivaut à en faire une non-personne.
La femme ne s’appartient pas.
D’ailleurs l’enjeu économique n’est pas neutre puisque ce sont les hommes qui versent de l’argent à la future épouse et à sa famille pour le mariage. La future épouse investit cet argent dans des bijoux en or qui pourront la faire survivre si elle est répudiée.
Il ne s’agit donc pas pour le mari de se faire déposséder de son bien et tel un trésor il faut le cacher. Pour information, le cours de la femme dans les montagnes Hadjar est de 5 000€ et plus de 10 000 pour une femme de la ville.
Après cette déprimante nouvelle, j’ai pu lire un magazine édité par la Chambre de Commerce de Muscat, vantant le dynamisme de l’entreprenariat féminin. Même si les articles étaient bien trop élogieux, ils me réconfortaient dans l’espoir que la situation évoluait: la femme omanaise peut quand même travailler, conduire, être même militaire.
Cette pseudo félicité s’interrompit net lorsqu’une longue conclusion de la revue encensa la femme-mère sans laquelle aucune réussite pour l’homme omanais et du pays lui-même ne peut s’envisager sans son dévouement entier et total à la famille.
Que penser? La libération de la femme omanaise sera-t-elle ou ne sera-t-elle pas?