Les fleurs sont omniprésentes en ce printemps à Kyoto, notamment dans les arbres…
dans le moindre espace libre,
et même sur le chapeau des élégantes branchées…
Et pourtant les jardins qui continuent de nous intriguer le plus, encore et toujours, sont bien les jardins Zen ou jardins secs.
Celui de Nanzen-ji:
Chaque matin, depuis des siècles, les moines ratissent méticuleusement les graviers pour enlever toute feuille ou débris, en reproduisant strictement à l’identique le motif initial.
Celui de Konchi-in, avec son squelette d’arbre hyper graphique:
de Tofuku-ji, avec ses cercles concentriques qui rappellent l’adage Zen: le plus fort tu jettes une pierre dans l’eau, le plus de vagues tu provoques…
Et bien sur un des plus connus, celui de Ryoan-ji, avec ses 15 rochers disposés en 5 groupes, mais que l’on ne peut jamais apercevoir tous d’un seul point de vue…
Cette esthétique austère, inspirée par le Zen, atteint son paroxysme du XIVe au XVI e siècle. Ces jardins ne sont pas conçus pour les plaisirs de la noblesse. Il s’agit d’offrir un refuge, isolé des tumultes extérieurs, et propice à la méditation et au recueillement.
Eh bien, en notre ère du tout, tout de suite et de l’info permanente, ces jardins tiennent parfaitement leur rôle initial: nous sommes subitement transportés ailleurs. Pas d’explication catégorique au positionnement, immuable, des rochers. Ce n’est pas nécessaire, nos yeux perçoivent, notre cœur ressent, et notre esprit se promène, libre.
Voilà bien la meilleure approche de la méditation !
Que se passe-t-il dans ces jardins? Rien, ou peut-être tout: le vent balaye les frondaisons, un oiseau passe, une feuille tombe en virevoltant, l’ombre des rochers change d’intensité selon le passage des nuages…
On s’assoit, notre regard vagabonde et voilà, nous sommes Zen, nous aussi et méditons ces paroles rituelles:
Ici et maintenant
Chaque jour de la vie est un apprentissage,
Bien que l’échec soit possible.
Vivant chaque instant, l’égal de toute chose,
Prêt à tout.
Je suis vivant.
Je suis cet instant.
Mon avenir est ici et maintenant.
Car si je ne peux endurer ce jour, quand et où le pourrais-je?
L’influence de ces jardins uniques est considérable sur la notion d’esthétique nipponne depuis leur création,
dans les estampes,
mais aussi dans les représentations contemporaines.
NB: n’oubliez pas que vous pouvez voir les photos en plein écran si vous « double-cliquez » dessus!