L’art rupestre remonte environ à 30 000 ans, et les sites les plus nombreux et les plus remarquables se situent dans le Top End.
Nous avons découvert à Injalak dans le Arnhem Land, puis dans le Park de Kakadu à Ubir et Nourlangie, des peintures pariétales millénaires où nous avons été invités, grâce à un guide aborigène, à nous initier aux mythes et aux rites du Temps des Rêves.
Il était une fois…à l’origine du monde… les ancêtres spirituels créèrent la Terre, la vie animale et végétale, les aborigènes eux-même et leur mode de vie. Ils vinrent sous différentes formes: le serpent arc en ciel, l’Homme Foudre…
Ce sont ces «esprits», qu’on appelle Mimi, qui ont été les premiers à peindre sur les rochers.
Les Mimis initièrent ensuite les tous premiers aborigènes à l’art rupestre afin que les histoires peintes se transmettent de génération en génération et perpétuent ainsi la tradition pendant des millénaires.
Quand les Mimis finirent leur création artistique, ils se fixèrent eux mêmes sur les parois des rochers, à des endroits apparemment inatteignables aujourd’hui et devinrent alors « le Temps du Rêve».
Certaines des peintures des Mimis peuvent être dangereuses et sont alors réservées aux initiés. Ces peintures cérémonielles permettent aux «rêves» de passer au travers des initiés pour leur transmettre la Connaissance.
Les autres peintures peuvent être contemplées par tous.
Très souvent les aborigènes décrivent alors leur vie quotidienne : la chasse, la danse, leur nourriture – poissons, kangourous, tortues, les animaux qu’ils côtoient – jabirus, thylacine (hyène ), tigre…
D’autres sont de véritables histoires, souvent moralistes. Elles doivent frapper les esprits, surtout ceux des enfants.
A Injalak, nous avons vu notamment la peinture d’une femme mariée qui après avoir trompé son époux se retrouve affligée de terribles inflammations articulaires.
A Nourlangie, Namarrgon l’Homme Foudre, dont les enfants n’ont pas respecté les lois strictes du mariage pour éviter la consanguinité, voit son fils transformé en terrible Crocodile d’eau salée.
A Ubir, un aborigène, dépossédé de sa chasse attend la nuit pour bloquer l’issue de la cave des voleurs et les y laisser périr.
Ces histoires ont aussi un pouvoir religieux pour influer sur une bonne chasse ou didactique comme l’Homme Foudre qui rappelle que chaque année de spectaculaires et dangereux orages auront lieu.
L’artiste aborigène, toujours guidé par les Mimis ou son incarnation en rêve, va aussi peindre les bons et les mauvais esprits, qui à la fois menacent et protègent.
On ne sait si ce sont les peintures qui soutiennent la tradition orale ou si la tradition orale a stimulé la création continue des peintures. En tout état de cause, elles sont en osmose avec la vie traditionnelle des aborigènes, tissant un lien entre le passé et le présent, le surnaturel et le matériel, les hommes et la Terre.