CURIEUX DU MONDE

L'étranger est un ami que l'on n'a pas encore rencontré.

Cérémonies Kalam

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Les Kalams vivent depuis des milliers d’années dans la vallée isolée de Simbai, au milieu des montagnes et de forêts primaires: aller à leur rencontre est une expédition!

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Aucune route ne les relie aux autres tribus des Highlands, seulement de petits avions charter où passagers et bagages sont pesés pour être judicieusement répartis dans l’appareil, avec pilote très expérimenté pour un atterrissage à vue sur un mini champs bosselé, plein de rebondissements…

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Nombreux sont ceux de la communauté qui nous attendent: jeunes et anciens, le regard brillant de joie et de bienveillance, heureux que nous soyons venus spécialement pour partager avec eux la double grande célébration ancestrale qui se prépare : l’initiation des garçons et le paiement des dotes.

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Au cours de notre marche vers le campement, l’émotion est forte, les poignées de mains échangées sont multiples, les « moning  » pidgin (Good morning) fusent de toute part, les accolades avec les vieilles mamas qui nous plient en deux sont comme des offrandes que nous recevons.

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Les Kalams qui nous accompagnent en costume de fête au son des tambours sont fiers de nous accueillir selon la tradition et nous ne le ressentons aucunement comme de tristes exhibitions commerciales. Bien au contraire!

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Les coiffes de cérémonie des hommes sont extraordinaires: d’une hauteur de plus d’un mètre, elles sont principalement composées de têtes de scarabées verts, de fleurs de roseaux, de plumes de perroquets et de paradisiers.
Des feuilles de pandanus séchées ou soigneusement pliées en « plissé- soleil » sont attachées autour de leur taille, et leurs poitrines sont notamment parées de coquillages de nacre d’une valeur exceptionnelle pour ces villages de montagne.

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L’ultime parure est la décoration du nez, puisque l’homme initié est reconnaissable à ses narines percées où ils plantent résolument plumes, disques, bâtonnets ou défenses de cochons sauvages.

L’initiation des garçons est donc un événement de grande importance.
Depuis plusieurs jours, les jeunes adolescents sont enfermés dans une grande maison spécifiquement construite pour eux, sans boire ni manger de nourriture liquide.
Grâce à la divulgation des enseignements des hommes qui les initient et à l’expérience de la douleur du percement des narines, d’enfants innocents ils deviendront des hommes ouverts à la connaissance du monde et seront ainsi en mesure de protéger leur future famille.

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Pendant cette période, les mères et les sœurs des initiés, que nous rejoignons, sont restées à l’extérieur, pour les soutenir moralement jour et nuit par leurs « sing sing » (chants et danses).

Le lendemain, l’effervescence est à son comble: c’est la préparation du « Mumu » : cuisson ancestrale, datée par les archéologues à plus de 1 600 ans, des cochons qui seront en partie dégustés puis offerts le jour suivant comme paiement de dote.

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Le cérémonial du Mumu commence dès le matin par  » slaughtering et butchery « , selon l’expression du chef de village. Âmes sensibles s’abstenir puisqu’il s’agit de tuer les 15 cochons chacun attachés à leur pieux, les uns après les autres à coup de gourdins! Très satisfait par la réussite de cette opération qui nous laisse plutôt nauséeux, chacune des familles des initiés Kalam va s’activer fébrilement pour faire chauffer les pierres de cuisson sous un échafaudage savant de planches de bois qui dégagent une fumée à nous boucaner sur place!

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Le rite le plus usuel de la préparation est de creuser un grand trou, de le tapisser de feuilles de bananier fraîches et humides pour dégager de la vapeur, y poser les pierres incandescentes, les recouvrir de kilos de verdures odorantes dans lesquelles seront placés les morceaux des cochons équarris et recouvrir encore le tout de pierres brûlantes puis de feuilles.

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Un bon six heures de préparation sous un soleil équatorial à 1800 m d’altitude, ça chauffe l’ambiance et pourtant, que des rires et des sourires de contentement , pas un cri, aucun énervement, chaque famille travaille tranquillement de concert, les plus petits chassant distraitement les mouches avec des feuilles, garçonnets maniant la hache avec leur père pour alimenter le feu en bois, hommes et femmes concentrés sur la réussite de leur Mumu.

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Trois heures plus tard, c’est la dégustation. Tous assis au bord du trou réouvert, chacun se délecte de cette viande cuite à l’étuvée, en ayant préalablement mis à part les morceaux de choix.

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Les têtes seront remises dans le trou et recouvertes jusqu’au lendemain.

Le dernier jour de fête commence par la sortie des initiés.

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Après cris et interpellations au travers des cloisons,les anciens ouvrent à la hache la maison des initiés, symbolique de l’enfant qui sort de sa coquille. Nous voyons enfin apparaître nos très jeunes  » hommes » , un peu éprouvés , au visage sérieux , leur petit bâtonnet qui transperce leur nez bien en place et portant une coiffe unique faite de fourrure de couscous (petit mammifère arboricole) surmontée de plumes. Les hommes sont fiers, les mères sont soulagées et les sing sing repartent de plus belle pour les accueillir.

Nous sommes heureux avec eux.

Soudain, l’atmosphère change, l’humeur est devenue sérieuse et une tension inquiète s’installe au fur et à mesure que les nattes sont déroulées pour y placer les cadeaux de la dote: morceaux de choix et têtes de cochons, argent, coquillages, plumes d’oiseaux, flèches et arcs, ….

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En effet, un homme Kalam qui se marie, verse une dote à la famille de sa femme en plusieurs fois au fur et à mesure du déroulement de la vie. L’initiation d’un fils avec la préparation du Mumu est une excellente occasion pour faire un paiement supplémentaire. Mais voilà, est-ce ce qui est offert conviendra?

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L’accord, avec soupirs de soulagement pour certaines familles se conclut en montrant l’argent à bout de bras au su et au vu de tous et se scelle par des poignées de main.
La famille de la mariée est non seulement satisfaite de recevoir l’argent mais également fière que sa fille, ou sa sœur ou sa nièce soit estimée et reconnue comme une forte valeur de travail.

Difficile d’adhérer en tant qu’occidentales ….mais qu’importe, nous sommes si heureux de les voir contents. Nous nous remercions mutuellement d’être ensemble et seule une averse diluvienne nous fera les quitter.

Commentaires Clos.