CURIEUX DU MONDE

L'étranger est un ami que l'on n'a pas encore rencontré.

18 janvier 2017
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Erta Ale: terrifiant, fascinant!

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Le volcan de l’Erta Ale se situe dans le Nord de la Vallée du Grand Rift, dans la dépression Afar, un des endroits les plus inhospitaliers de la planète, le désert du Danakil.
Son approche est difficile: des pistes de sable si farineuses que même les 4×4 s’y ensablent souvent, puis une traversée de zone de lave de plus de 20 kms qui prend bien deux heures pour la franchir!

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Cette lave ne provient pas des débordements des volcans alentours mais du jaillissement de magma au travers de failles qui s’ouvrent constamment dans cette région.
Ici, la terre n’a pas fini de naître. Les trois plaques tectoniques: africaine, somalienne et arabique ne se télescopent pas mais au contraire s’écartent en se déchirant par des fractures qui se re comblent pour s’ouvrir à nouveau. Il est prédit que d’ici 300 millions d’années naîtra ici un océan aussi grand que l’Atlantique…
En attendant, notre expédition n’est pas encore terminée : de nuit, à la fraîche par 30 C, nous marchons nos 11 kms pour atteindre le sommet du volcan.

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De jour nous découvrons une grande caldeira où coexistent deux cratères actifs, son fond est tapissé de coulées de lave plus au moins chaudes, à surface plissée appelées des cordées et parsemés de Cheveux de Pelé qui scintillent au soleil.

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Il faut d’abord apprendre à marcher sur la lave très cassante, qui peut à tout instant céder sous notre poids et nous entailler sévèrement les jambes. Toute notre attention est focalisée sur ce nouvel exercice: tester avec le bâton de marche, poser les pieds sur les cordées, éviter les surfaces lisses, repartir son poids et quand ça craque( ce qui arrive bien sûr) avancer vite sur l’autre jambe pour ne pas s’enfoncer.

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Le cratère Nord dégaze fortement et les fumerolles présentes en permanence justifient bien le nom Afar de Erta Ale : Montagne Fumante. Malgré la protection de nos masques nous restons vigilants à la toxicité des gaz et des acides.

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Il s’est formé récemment un nouvel hornito que nous approcherons avec la conscience d’une prise de risque certaine.
Le bruit constant des gaz, la chaleur, les nouvelles formations de lave sont envoûtants.
Cependant, nos pieds commencent à chauffer au travers de nos chaussures et nous sentons nos semelles se ramollir…il est temps de bouger!

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Le clou du spectacle est évidemment l’autre cratère rempli à ras bord de magma: un lac de lave permanent ,bouillonnant à 1200C, que nous pouvons approcher à moins de deux mètres !

Terrifiante et fascinante expérience que cette proximité avec le magma du centre de la terre!

L’activité est intense tout autant que nos émotions !

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Au contact de l’air, il se forme sur le lac une croûte de lave refroidie qui, animée par de puissants courants de convection, crée des vagues qui vont frapper contre les lèvres du cratère, prêtes à déborder….
S’ajoutent à cela, les remontées régulières de gaz volcaniques qui transpercent cette croute par des fontaines de lave allant jusqu’à 5 mètres de hauteur, projetant tel un feu d’artifice de la matière incandescente dans le ciel.

Dans la nuit le spectacle est magique!

14 janvier 2017
par admin
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Le Dallol haut en couleurs

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En plein désert du Danakil, le Dallol est un volcan étonnant, véritable dôme de sel parcouru de canyons abrupts, accueillant des vasques d’acides multicolores et parsemé d’une multitude de formations: cristallisations, fleurs de soufre, piliers de sel, geysers et autres cheminées de fées.

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Ces merveilles résultent d’une intense activité hydrothermale: les eaux des pluies, après s’être infiltrées et rapprochées du magma tout proche (environ 4000 m seulement) vont ensuite remonter à la surface sous forme de gaz et de fluides chargés de sel et de minéraux.

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Extraordinaire beauté incroyablement dangereuse: les émanations sont toxiques, nous guettons chaque changement de vent et nos masques à gaz sont à portée de main.

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Surtout pas de faux pas, ces magnifiques vasques sont très acides, avec un PH proche de zéro!

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NB: n’oubliez pas qu’en cliquant sur les photos elles apparaissent en plein écran.  Sur la dernière vous nous reconnaitrez, il s’agit de la première photo prise avec notre drone, initiative très audacieuse compte tenu de l’omniprésence des multiples lacs d’acide!

 

13 janvier 2017
par admin
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Les descendantes de la Reine de Saba

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La beauté des Ethiopiennes du nord du pays est saisissante, quel que soit leur statut; étudiantes, serveuses, institutrice, vendeuse de rue, enfant du village ou belle dame se rendant à une fête, elles sont toutes les superbes descendantes de la reine de Saba!

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13 janvier 2017
par admin
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Le sel du Danakil

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C’est d’abord l’histoire d’une mer qui s’est faite piéger par des coulées de lave il y a environ 80 000 ans et qui, coupée de la mer rouge, s’est graduellement évaporée pour ne plus laisser que la dépression du Danakil , à moins 130m d’altitude.
Le Danakil est maintenant un des déserts les plus chauds de la planète, et pas simplement à cause du conflit permanent avec l’Erythrée toute proche.

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C’est ensuite l’histoire d’un pays, l’Ethiopie, qui par sa très grande diversité géographique et son dynamisme rural accueille une cheptel de plus de 150 millions de têtes de bétail ( zébus, chèvres, moutons et autres dromadaires). Tous animaux qui ont un besoin vital de sel pour leur équilibre alimentaire.

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C’est enfin l’histoire d’un peuple farouche, les Afars, qui exploite depuis 3000 ans la seule ressource de leur territoire inhospitalier: l’épaisse couche de sel déposée par cette merveille mer disparue, dont il ne reste comme autres témoins que de délicats fossiles de coraux.

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Quotidiennement les caravanes descendent des montagnes pour s’enfoncer au cœur du désert rejoindre les travailleurs du sel.

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Aux tigréens le sale boulot de casser l’épaisse couche de sel et de la soulever par effet de levier.

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Aux fiers Afar le noble travail de la découpe des briquettes de sel de 7 kgs.

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Les outils et les gestes restent strictement inchangés depuis des millénaires…

Les briquettes sont ensuite achetées et liées par paquets équilibrés, adaptés à la capacité de chaque animal de bât.

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Et puis au coucher du soleil, lorsque la température redescend en dessous des 45/50 degrés habituels de la journée, les acheteurs du matin repartent vers les montagnes et le marché de Mekélé, le centre économique de la région à 3 jours de marche pour y revendre leur cargaison avec un profit mérité!

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7 janvier 2017
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Les églises monolithes de Lalibela

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C’est au 3e siècle après J.C. qu’un roi du puissant royaume d’Aksoum s’est converti au Christianisme et a fait de l’Ethiopie la première et plus importante communauté chrétienne orthodoxe d’Afrique durant quatre cents ans.

S’ensuit une longue période d’islamisation, et à la fin du 12ème siècle, le recul des chrétiens en Terre Sainte face aux musulmans qui ont repris Jérusalem en 1187 est tel qu’il est difficile d’entreprendre des pèlerinages sur le tombeau du Christ

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Aussi, vers 1200, le roi Labilela fait de sa foi chrétienne un acte politique fort pour s’imposer face au monde musulman et crée dans sa nouvelle capitale une »Jérusalem noire » en édifiant de nouvelles églises.

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La légende veut que ce roi fut guidé dans le choix des lieux par l’archange Gabriel, qui exigea que chaque église soit construite à partir d’une seule pierre. Aidés la nuit par les anges, plus de 4000 ouvriers vont creuser pour réaliser 11 églises monolithes uniques.

L’originalité de ces constructions monolithes est qu’elles sont creusées directement en partant de la surface du sol naturel jusqu’à plus de treize mètres de profondeur, sans taille préliminaire pour dégrossir la construction.  Tout a été taillé au fur et à mesure: l’extérieur, l’intérieur et les ornements!

Les archéologues ont démontré qu’existaient déjà, depuis deux siècles, des bâtiments troglodytes et monolithes que le roi Lalibela transforma en lieux de culte, en même temps qu’il faisait réaliser de nouvelles églises.

 

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Notre passage en ce début janvier correspond à la veillée de Noel pour les Orthodoxes selon le calendrier Julien: un moment de ferveur intense pour les croyants qui vont se presser en masse pour obtenir leur place dans l’enceinte de l’église et prier pendant d’interminables messes psalmodiées par les prêtres.

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Bien que compressés dans des bains de foule étouffants, nous n’en sommes pas moins émus de leur piété sincère, même si nous ressentons parfois dans cette quête frénétique une sorte de superstition…

L’objectif est de rentrer dans le chœur jusqu’à atteindre le prêtre pour obtenir une bénédiction.

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La piété est intense pour certains,

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tandis que pour d’autres il s’agit de monnayer quelque pseudo bénédiction,

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ou bien de se retrouver au plus près des festivités.

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27 décembre 2016
par admin
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L’Ethiopie est pour bientôt…

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Chaque voyage aiguise notre curiosité du Monde.
Un peu comme lorsque l’on partage un bon repas entre amis et que l’on se retrouve, les couverts en main, à échanger des recettes ou de bonnes adresses de bistrot; c’est en crapahutant sur les flancs des volcans costariciens en ce début 2016 que l’Erta Ale et la dépression du Dallol se sont frayés une place dans la (longue!) liste de nos projets de découverte.

Donc nous voilà prêts à partir pour l’Ethiopie!

Pays mosaïque de cultures, de paysages et d’ethnies au cœur de l’Afrique, berceau de l’humanité et de volcans atypiques.

Voici quelques photos tirées d’internet pour vous donner envie de suivre nos pérégrinations.

En route pour le désert du Danakil, au Nord, nous découvrirons les églises monolithes de Lalibela, taillées dans la roche par les communautés orthodoxes.

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Les 4×4 nous conduirons ensuite vers le Dallol, étrange volcan dans une plaine d’effondrement à 130 m sous le niveau de la mer, dédale de concrétions multicolores et de vasques d’acides vert fluorescents…

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Puis nous grimperons les pentes du Erta Ale pour bivouaquer au bord de la caldera illuminée par les rougeoiements de son lac de lave bouillonnant!

De retour à Addis Abeba, nous retrouverons Catherine et Michel pour descendre la vallée du Rift vers le Grand Sud.

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Finis les déserts et les volcans: à nous les lacs, les collines de savane et les forêts, à la rencontre des tribus nomades et demi-nomades de l’Omo: Konso, Hamar, Karos, Mursis…

img_2267   img_2269   MURSI WOMAN, OMO VALLEY ETHIOPIA

 

A bientot pour nous lire selon les facilités que nous permettra l’Internet éthiopien!..

1 octobre 2016
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Parures corporelles en Papouasie

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La parure corporelle papoue est un art à part entière au même titre que la sculpture des masques ou bien celle des piliers des Maisons des Esprits.

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Sa fonction ultime est de « parler », de raconter une histoire, d’afficher des signes devant être compris des initiés ou de tous, témoignant d’un savoir faire très précis transmis oralement au fil des générations. Tout parure est un message, inscrit dans les formes, les couleurs et les matériaux.

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Pour les Papous, la force de cet « Art » tient à la puissance des symboles, à la diversité des styles et à la richesse de la mythologie qu’il véhicule, et pas nécessairement à la qualité esthétique qui nous éblouit.

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Toutefois, cette esthétique a été largement mise en avant depuis une cinquantaine d’années lorsque les Australiens, cherchant des arguments pour convaincre les Papous, notamment ceux des montagnes, de cesser de se faire la guerre eurent ainsi l’idée d’organiser de grands concours de parures inter-tribaux. Le premier de ces rassemblements fut le Goroka Show.
Il s’agissait d’inciter les participants à s’affronter à coups de plumes et de peintures plutôt que de se tirer des flèches les uns sur les autres. Le succès auprès du public local fut immédiat et perdure toujours.

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Immergés dans les parades effrénées de plumes, de couleurs, de feuilles colorées, pliées et bruissantes, de variété de costumes, de colliers de coquillages, nous avons été subjugués par la diversité des parures et envoûtés par les litanies des chants accompagnés de tambours et de flûtes.

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Il a été bien difficile de choisir quelques photos sur les centaines que nous avons prises, pour partager notre ravissement avec vous.

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26 septembre 2016
par admin
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Mythique Sepik!

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Plus de mille kilomètres de méandres d’un large fleuve limoneux serpentant dans une immense forêt vierge;

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des crues annuelles, en saison des pluies, de 6 à 8 mètres transformant les plaines en vastes lacs et les cases en maisons sur pilotis, où chacun se déplace avec sa pirogue; de multiples tribus féroces aux riches coutumes; des sculptures élaborées qui transmettent les légendes ancestrales; les Esprits du Crocodile et de l’Aigle bien vivaces; aucune piste ni électricité à des dizaines de kilomètres à la ronde; des averses diluviennes quotidiennes: le Sepik est bien toujours ce territoire d’exploration mythique qui fait rêver les ethnologues et les « Curieux du Monde » un peu fous dans notre genre!

Une des légendes, essentielle pour comprendre la mythologie commune des tribus de la région du Sepik, est celle de la femme Crocodile dont voici le récit qui nous a été conté:

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« Alors qu’une jeune fille coupait du bois avec sa hache en pierre, un éclat de pierre vint malencontreusement blesser une sorcière. Pour se venger, la sorcière prit l’apparence de la grand mère de la jeune fille et lui demanda de venir pêcher avec elle en pirogue sur le fleuve Sepik. Elle lui demanda d’accoster sur une petite île et, après lui avoir révélé sa véritable nature maléfique, elle abandonna la jeune fille à son triste sort. Désespérée, celle-ci se mit à pleurer. Un petit poisson entend ces sanglots et vient écouter son histoire. Il va vite informer l’Esprit Crocodile au fonds du fleuve mais le poisson est trop petit pour être cru. Cependant l’Esprit Crocodile est contrarié par cette histoire et envoie un poisson un peu plus gros qui lui rapporte la même histoire et ainsi de suite avec plusieurs poissons de taille de plus en plus respectable. Finalement l’Esprit Crocodile va lui même rencontrer la jeune fille et lui propose de la sauver en se mariant avec lui. N’ayant pas d’autre choix, la jeune fille accepte et va vivre dans les profondeurs du Sepik. De cette union naissent deux aigles qui, en grandissant, auront la force nécessaire pour ramener leur mère à son village natal en la déposant sur un manguier. »

En principe l’histoire s’arrête là mais on suppose que c’est ainsi que la Femme Crocodile a pu transmettre aux humains le culte de l’Esprit Crocodile et les rites magiques de sa vénération qui sont encore si vivants aujourd’hui.

Tous les villages de la région possèdent leurs maisons des Esprits.

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Il s’agit de temples, strictement réservés aux hommes initiés, qui abritent les objets sacrés réservés aux rites.
Les hommes s’y réunissent quotidiennement pour palabrer et prendre les décisions importantes concernant la communauté.

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Chaque clan a propre plateforme, sous les auspices de son animal totem sculpté sur les poteaux.

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Comme partout en Papouasie, les guerres tribales étaient très fréquentes et violentes. Ainsi la pratique de placer les têtes de ses ennemis sur des pierres dressées (encore noircies par le sang des victimes…) devant la maison des Esprits.

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Sur le Moyen Sepik, dans la tribu des Yatmoul, l’initiation des jeunes hommes prend la forme de scarifications qui donnent à leur peau un aspect de peau de crocodile, ce qui est le but recherché.

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Ces scarifications horriblement douloureuses, accompagnées d’un enseignement et de pratiques magiques, avec l’objectif symbolique d’évacuer le sang maternel,  donnent ensuite le droit aux jeunes de pénétrer dans les maisons des esprits et de tenir leur rôle d’homme dans la Communauté.

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Heureusement, les coutumes comportent aussi des danses « sing-sing » bien plus gaies, telle que la danse Kasoar.

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Les plus belles sculptures sur bois de Papouasie sont réalisées au Sepik, et nous n’avons évidemment pas résisté longtemps…

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Dans le Sepik, le fleuve c’est la vie: on s’y déplace, on y fait sa lessive et sa toilette, on y pêche.

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Cependant  le Sepik se mérite et on se doit d’accepter les dures conditions de vie locales,

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malgré les moustiques,

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mais avec leurs sourires d’encouragement!

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25 septembre 2016
par admin
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Cérémonies Kalam

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Les Kalams vivent depuis des milliers d’années dans la vallée isolée de Simbai, au milieu des montagnes et de forêts primaires: aller à leur rencontre est une expédition!

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Aucune route ne les relie aux autres tribus des Highlands, seulement de petits avions charter où passagers et bagages sont pesés pour être judicieusement répartis dans l’appareil, avec pilote très expérimenté pour un atterrissage à vue sur un mini champs bosselé, plein de rebondissements…

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Nombreux sont ceux de la communauté qui nous attendent: jeunes et anciens, le regard brillant de joie et de bienveillance, heureux que nous soyons venus spécialement pour partager avec eux la double grande célébration ancestrale qui se prépare : l’initiation des garçons et le paiement des dotes.

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Au cours de notre marche vers le campement, l’émotion est forte, les poignées de mains échangées sont multiples, les « moning  » pidgin (Good morning) fusent de toute part, les accolades avec les vieilles mamas qui nous plient en deux sont comme des offrandes que nous recevons.

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Les Kalams qui nous accompagnent en costume de fête au son des tambours sont fiers de nous accueillir selon la tradition et nous ne le ressentons aucunement comme de tristes exhibitions commerciales. Bien au contraire!

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Les coiffes de cérémonie des hommes sont extraordinaires: d’une hauteur de plus d’un mètre, elles sont principalement composées de têtes de scarabées verts, de fleurs de roseaux, de plumes de perroquets et de paradisiers.
Des feuilles de pandanus séchées ou soigneusement pliées en « plissé- soleil » sont attachées autour de leur taille, et leurs poitrines sont notamment parées de coquillages de nacre d’une valeur exceptionnelle pour ces villages de montagne.

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L’ultime parure est la décoration du nez, puisque l’homme initié est reconnaissable à ses narines percées où ils plantent résolument plumes, disques, bâtonnets ou défenses de cochons sauvages.

L’initiation des garçons est donc un événement de grande importance.
Depuis plusieurs jours, les jeunes adolescents sont enfermés dans une grande maison spécifiquement construite pour eux, sans boire ni manger de nourriture liquide.
Grâce à la divulgation des enseignements des hommes qui les initient et à l’expérience de la douleur du percement des narines, d’enfants innocents ils deviendront des hommes ouverts à la connaissance du monde et seront ainsi en mesure de protéger leur future famille.

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Pendant cette période, les mères et les sœurs des initiés, que nous rejoignons, sont restées à l’extérieur, pour les soutenir moralement jour et nuit par leurs « sing sing » (chants et danses).

Le lendemain, l’effervescence est à son comble: c’est la préparation du « Mumu » : cuisson ancestrale, datée par les archéologues à plus de 1 600 ans, des cochons qui seront en partie dégustés puis offerts le jour suivant comme paiement de dote.

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Le cérémonial du Mumu commence dès le matin par  » slaughtering et butchery « , selon l’expression du chef de village. Âmes sensibles s’abstenir puisqu’il s’agit de tuer les 15 cochons chacun attachés à leur pieux, les uns après les autres à coup de gourdins! Très satisfait par la réussite de cette opération qui nous laisse plutôt nauséeux, chacune des familles des initiés Kalam va s’activer fébrilement pour faire chauffer les pierres de cuisson sous un échafaudage savant de planches de bois qui dégagent une fumée à nous boucaner sur place!

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Le rite le plus usuel de la préparation est de creuser un grand trou, de le tapisser de feuilles de bananier fraîches et humides pour dégager de la vapeur, y poser les pierres incandescentes, les recouvrir de kilos de verdures odorantes dans lesquelles seront placés les morceaux des cochons équarris et recouvrir encore le tout de pierres brûlantes puis de feuilles.

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Un bon six heures de préparation sous un soleil équatorial à 1800 m d’altitude, ça chauffe l’ambiance et pourtant, que des rires et des sourires de contentement , pas un cri, aucun énervement, chaque famille travaille tranquillement de concert, les plus petits chassant distraitement les mouches avec des feuilles, garçonnets maniant la hache avec leur père pour alimenter le feu en bois, hommes et femmes concentrés sur la réussite de leur Mumu.

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Trois heures plus tard, c’est la dégustation. Tous assis au bord du trou réouvert, chacun se délecte de cette viande cuite à l’étuvée, en ayant préalablement mis à part les morceaux de choix.

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Les têtes seront remises dans le trou et recouvertes jusqu’au lendemain.

Le dernier jour de fête commence par la sortie des initiés.

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Après cris et interpellations au travers des cloisons,les anciens ouvrent à la hache la maison des initiés, symbolique de l’enfant qui sort de sa coquille. Nous voyons enfin apparaître nos très jeunes  » hommes » , un peu éprouvés , au visage sérieux , leur petit bâtonnet qui transperce leur nez bien en place et portant une coiffe unique faite de fourrure de couscous (petit mammifère arboricole) surmontée de plumes. Les hommes sont fiers, les mères sont soulagées et les sing sing repartent de plus belle pour les accueillir.

Nous sommes heureux avec eux.

Soudain, l’atmosphère change, l’humeur est devenue sérieuse et une tension inquiète s’installe au fur et à mesure que les nattes sont déroulées pour y placer les cadeaux de la dote: morceaux de choix et têtes de cochons, argent, coquillages, plumes d’oiseaux, flèches et arcs, ….

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En effet, un homme Kalam qui se marie, verse une dote à la famille de sa femme en plusieurs fois au fur et à mesure du déroulement de la vie. L’initiation d’un fils avec la préparation du Mumu est une excellente occasion pour faire un paiement supplémentaire. Mais voilà, est-ce ce qui est offert conviendra?

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L’accord, avec soupirs de soulagement pour certaines familles se conclut en montrant l’argent à bout de bras au su et au vu de tous et se scelle par des poignées de main.
La famille de la mariée est non seulement satisfaite de recevoir l’argent mais également fière que sa fille, ou sa sœur ou sa nièce soit estimée et reconnue comme une forte valeur de travail.

Difficile d’adhérer en tant qu’occidentales ….mais qu’importe, nous sommes si heureux de les voir contents. Nous nous remercions mutuellement d’être ensemble et seule une averse diluvienne nous fera les quitter.

8 septembre 2016
par admin
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Les Hulis: de féroces guerriers bien coquets.

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Les Hulis vivent isolés sur les hauts plateaux de la Nouvelle Guinée, dans la région de Tari, et sont encore connus pour leur tempérament guerrier. Chacun d’eux porte une longue machette sur le flanc et la mine patibulaire est travaillée dès l’enfance.

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Le paradoxe est que ce tempérament belliqueux des hommes est associé à une extrême coquetterie.
Même avec peu de moyens, on se pare de feuilles, on glisse une plume dans ses cheveux ou même sa barbe.

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La tradition du costume de parade est bien vivace dans les villages, pour toutes les cérémonies locales.
Les Hulis qui porteront le costume traditionnel suivront d’abord une initiation sous l’autorité d’un maître durant plusieurs années. Ils apprendront ainsi l’art de la guerre et de la survie en forêt et se laisseront pousser les cheveux.

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En effet, les Hulis, aussi appelés « hommes-perruques « , ont la caractéristique de se confectionner une coiffe avec leurs propres cheveux.

Pour ce faire, ils les arrosent chaque matin avec de l’eau sacrée par des mots magiques,

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Le Maître de cérémonie les démêle, les crêpe, les arrange avec grand soin, les coupe régulièrement pour obtenir la forme recherchée pour la future coiffe.

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Arrivée à la taille et forme voulue, cette chevelure est taillée au plus près du crâne puis consolidée avec des cordelettes pour constituer la base de la coiffe.

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Celle-ci sera précieusement conservée à la Maison des Hommes, prête à être décorée pour chaque cérémonie.

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Se mettre en costume pour une cérémonie prend facilement trois heures de préparation, et le temps est principalement consacré à la décoration de la perruque où les plumes seront délicatement choisies et disposées.

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Le corps sera peint avec soin par les autres guerriers avant la danse des oiseaux.

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Le résultat est chaque fois unique et spectaculaire!

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Nous avons eu l’opportunité de vivre cette expérience dans un village reculé où la tradition est encore authentique et où le plaisir de la rencontre est véritablement partagé et mutuel.
Quelle chance!

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