CURIEUX DU MONDE

L'étranger est un ami que l'on n'a pas encore rencontré.

23 janvier 2014
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Les Géants du Pacifique

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Un rêve qui a plusieurs décennies devient un mythe.
Découvrir de mes propres yeux ces Géants mystérieux de l’île de Pâques a été à la fois la perte irréversible d’un mythe et l’accomplissement d’un rêve.

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C’est un pari risqué.
Fort heureusement, la confrontation avec les sculptures Moais m’a ravie par l’esthétisme de leur mise en situation, leurs significations, l’origine et le développement de leur iconographie, leurs parcours historiques mouvementés.

Un petit briefing historique:
Aussi invraisemblable que paraît l’exploit de venir des Îles Marquises en bateau, les Maoris polynésiens ont bien débarqué dans les années 900-1000 de notre ère sur l’île de Rapa Nui (Ile de Pâques) dans l’idée de la peupler.
En deux ou trois siècles, la population va s’agrandir significativement – plusieurs milliers d’habitants- tout en développant une organisation sociétale complexe et hiérarchisée.

Venons en à ce qui nous fascine le plus: les Moais.

La plus ancienne sculpture retrouvée sur l’île à une posture qui se rapproche significativement de celle du Tiki polynésien accroupi sur ses genoux.
Dieu Tiki que nous avons retrouvé bien représenté en Nouvelle Zélande.

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Or le Moai de Rapa Nui a une typologie normée : un personnage en buste, pectoraux un peu grassouillets à la polynésienne, les bras collés au corps, les mains qui se rejoignent au bas du ventre, et pas de membre inférieur représenté.

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Ceci corrobore bien l’idée que les Rapanuis, contrairement aux autres îles colonisées, ont vécu une véritable évolution et appropriation de leur propre culture. Bravo!
On distingue également trois époques de sculpture: une primaire, une classique et la dernière période très stylisée.

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En visitant l’unique carrière de Rapa Nui qui démarra son activité aux 12/13éme siècle, on peut constater que les Moais en tuf volcanique sont posés au sol sans ordre établi:
ceux qui se cassaient quand ils étaient  » roulés » sur des troncs de palmiers, restaient sur place,
ceux qui étaient juste terminés se situaient au flan de la carrière, ou prêts à être déplacés

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Alors pourquoi ce sentiment que tout s’est arrêté d’un coup? Pourquoi uniquement à cet endroit peut-on voir des têtes sans buste dépasser du sol?
Un peu de suspens…la réponse pour plus tard!

D’abord, les Moais ne représentaient pas des dieux mais des ancêtres.
Chacune des puissantes familles qui organisaient l’île commandait un ou plusieurs Moais.
La mission du Moai est de protéger les siens et leurs villages.
C’est une notion qui m’est chère…
Tant que le Moai n’a pas les yeux gravés, il n’a pas de pouvoir: le regard de la sculpture est un véhicule qui permet à la puissance surnaturelle des ancêtres - le Mana- d’agir.

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C’est la raison pour laquelle les Moais sont dos à la mer puisque leurs regards aux pouvoirs magiques devaient protéger les villages de ces familles.

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La majorité des Moais sont installés sur une plateforme cérémonielle en bord de mer, car les familles riches habitaient sur les côtes tandis que le peuple vivait à l’intérieur de l’île pour cultiver et faire de l’élevage.
Sur le Ahu Tongariki, ce sont les ancêtres de 15 familles principales qui sont représentées pour l’entente et la protection de tous.
Le spectacle est sublime.

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Mais voilà…l’édification de ces Moais et surtout leur déplacement sur des troncs d’arbres vers les ahus ont conduit à une véritable déforestation excluant toute construction de bateaux pour migrer vers d’autres îles ou pêcher en haute mer. Conjugué à l’accroissement de la population sur cette île volcanique peu fertile, le manque de ressources a provoqué une grande famine.
Le peuple s’est révolté très violemment. Il a massacré tous les chefs des grandes familles, a brisé ou jeté face à terre tous les Moais pour que le regard protecteur de leurs ancêtres ne leur soit plus d’aucun secours. Bien évidemment , le travail de la carrière a été arrêté du jour au lendemain et ceci a mis fin à 500 ans d’activité artistique.

Le temps et le vent faisant leur œuvre, les Moais situés au flan de la colline de la carrière ont été ensevelis dans la terre, ce qui explique que nous ne voyons que le dépassement des têtes de certaines sculptures.

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J’imagine la perplexité des européens quand ils ont découvert au 18ème siècle, une île aride aux géantes sculptures énigmatiques brisées à terre, habitée par un peuple farouche et hostile.

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Les Moais restent encore un mystère dont le voile est progressivement levé: l’archéologie soutient en grande partie la tradition orale, et les restaurations des principaux sites identifiés ont été achevés.

Même si toute énigme devait être résolue, je peux vous assurer que la magie des Moais continue à opérer et fascine encore et toujours celle qui en a tant rêvé!

F.

23 janvier 2014
par admin
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Les couleurs de Valparaiso

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« Valparaiso, comme tu es inconséquente… Tu n’as pas peigné tes cheveux, tu n’as jamais le temps de t’habiller, tu t’es toujours laissée surprendre par la vie. »

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C’est ainsi que le poète Pablo Neruda décrivait la ville où il avait établi une de ses résidences: La Sebastiana, qu’il appelait aussi « la maison dans les airs »

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De chacune de ses pièces superposées, comme en équilibre sur 4 étages, des vues éblouissantes sur la ville avec ses maisons colorées qui dégringolent jusqu’au port malfamé. La légende veut que les habitants allaient récupérer des tôles et des fonds de peinture abandonnés par les bateaux de passage afin de rafistoler leurs maisons, ce qui expliquerait le côté bariolé et hétéroclite de l’ensemble…

3 Valparaiso

Valparaiso est d’abord une ville portuaire, première étape pour le bateaux qui avaient contourné le Cap Horn avant de rejoindre les richesses du Pérou et de la Californie.
Un vrai âge d’or, au propre et au figuré, mais aussi des drames comme le séisme de 1906 qui détruisit la majorité de la ville et ensuite l’ouverture du Canal de Panama en 1914 qui porta un coup fatal à son économie. Un bel exemple de cette nostalgie avec cette rue, un temps la plus riche de l’Amérique latine, avec ses hôtels particuliers XIXe magnifiques aujourd’hui à l’abandon…

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Il faut être en forme pour découvrir Valparaiso! Pas une rue à plat des que l’on grimpe dans l’une de ses multiples collines (cerros) qui constituent autant de quartiers distincts, soudés et fiers.

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Pas moins de 15 ascensores (funiculaires) brinquebalants pour partir à la découverte. Le dernier ayant été construit en 1916, on peut dire qu’ils sont restés dans leur jus et qu’il faut oublier tout sens du risque avant d’y monter!

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Le charme bohême indubitable de « Valpo », comme on la nomme affectueusement sur place, a attiré de nombreux artistes et notamment des peintres dont les œuvres envahissent l’espace urbain: un ravissement à chaque coin de rue où escalier…

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Décidément notre voyage continuera d’être sous le signe du Dakar 2014, qui a choisi Valparaiso pour sa grande arrivée finale à notre passage!

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On vous confirme que les Sud Américains ont un goût prononcé pour les jolies carrosseries…

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2214 Valparaiso

16 janvier 2014
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El Desierto de Atacama

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Voilà bien un nom qui fait rêver, lorsqu’on le découvre, enfant, sur une mappemonde, avec cette grande étendue blanche en son centre signifiant le salar.

Ce désert se mérite, surtout si l’on arrive, comme nous, depuis l’Argentine. Il s’agit en effet de traverser la Cordillère des Andes, se frayer un chemin entre des sommets culminants autour de 6000 m, rien de moins…

La Cordillère des Andes, voilà un autre terme qui raisonne dans notre imaginaire! On pense Volcans, Sommets enneigés, Altiplano, Lamas et autres Vigognes. Eh bien c’est exactement cela!

La traversée oblige à passer des cols à près de 5000 m d’altitude par des routes en lacet. Compte tenu des effets de l’altitude sur nos organismes, la prudence recommande donc d’effectuer le trajet de près de 9 heures dans un bus Pullman spécialisé.

Au départ de Purmamarca, Perle de la Quebrada de Humahuaca,

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Mais un bus latino américain est par définition en retard…

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Le trajet est magnifique, avec un long passage à 4 850 m d’altitude, c’est vraiment haut et nos corps le ressentent, mais tout se passe bien!

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Soudain, arrêt inattendu en pleine montagne, que se passe-t-il?

C’est le Dakar 2014 dont nous croisons le passage!

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Les avis sont très partagés localement au sujet de cette course, les archéologues chiliens notamment dénoncent la destruction de sites et de géoglyphes par le passage des 400 véhicules de cette caravane.

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Le passage de la frontière Argentine / Chili est un modèle d’inefficacité bureaucratique qui requière bien 90 mns de queues multiples, mais, là aussi ça passe!

A l’arrivée, San Pedro de Atacama nous apparaît comme une oasis dans un désert cerné par les volcans lointains.

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Et quel désert! Le désert le plus aride du Monde, avec en son sein un immense salar (dépôt salin) de 100 km de long pour 80 de large.

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On est intrigué par l’origine de tout ce sel, en fait il provient de la dissolution des sels du sol volcanique de la région environnante, apportés ensuite par les précipitations sur la chaîne andine toute proche.

Des poches d’eau abritent des colonies de toutes petites crevettes qui seules survivent à la très forte salinité et aux grandes sécheresses, et dont les flamants sont très friands.

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Sur les hauteurs, à 4300 m, le plus grand champ géo thermal du Monde, les geysers du Tatio.

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Comme les geysers sont les plus actifs au lever du soleil lorsque la température est la plus basse, on se lève à 4:30 du matin (c’est ça les vacances!), on se couvre bien chaudement car il y fait -3°, et ensuite on se laisse prendre par la magie du lieu, en faisant quand même attention à ne pas mettre les pieds dans une marmite bouillonnante!

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Lorsque le soleil s’est levé et que le flot des touristes est parti, les vigognes viennent y boire, au plus grand plaisir de Frédérique…

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Mais le Désert réserve d’autres surprises, au détour d’un virage de la piste, au fond d’une Quebrada (gorge), de la verdure indiquant une présence d’eau…

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On remonte vers la source et là, merveille: une jaillissement d’eau cristalline et chaude (30°), les thermes de Puritama. Un véritable bonheur en pleine nature!

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Plus au sud, vers 4350 m d’altitude, les lagunes altiplaniques de Miscanti et Mineques, des joyaux rutilants entre les sommets.

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Enfin, toute belle journée dans le Désert se termine avec la contemplation du coucher du soleil sur des paysages lunaires, un moment d’éternité.

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13 janvier 2014
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Immensité & Diversité: une journée de voyage

Notre périple dans le Nord Ouest Argentin est à la fois féerique et désarçonnant.

Nous éprouvons chaque jour un sentiment d’immensité qui nous amènerait à croire en une continuité infinie du paysage, alors même que des changements radicaux de topographie et de végétation nous éblouissent sans cesse.

Des photos valant mieux qu’un long discours, voici une de nos journées typiques : 300 kms de voyage entre Salta et Purmamarca.

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Départ de Salta altitude 1200 m
La ville fut fondée en 1582 comme ville étape entre Lima et Buenos Aires. Salta connut une grande opulence durant la période coloniale espagnole jusqu’à la fin 18eme. Puis Salta perdit progressivement de sa prépondérance commerciale, surtout au tournant du 20ème siècle au profit de Buenos Aires. Son architecture témoigne toutefois de son passé prestigieux.

A seulement 50 kms de Salta, la Quebrada del Toro présente un paysage montagneux et verdoyant. La route sinueuse, alternant asphalte et piste, entame une longue montée en altitude.

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A environ 3000 mètres d’altitude, les Ruines de Tastil constituent les vestiges d’un site Indien Diaguita qui abritait, vers 1500 ans après JC, trois milliers d’habitants environ. Ce paysage pierreux et aride est désormais envahi par une « forêt » de cactus.

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Continuation vers Abra Blanca à 4100m d’altitude, puis descente dans la Plaine de Munano où nos « premiers » lamas broutent en pleine liberté, dans un paysage à perte de vue.

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Passé la triste ville ex minière de San Antonio de los Cobres, l’immense étendue du paysage s’anime de grands tourbillons de sable.

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Puis soudain, changement total de décor avec Salinas Grandes. C’est une formation saline qui forme une couche très épaisse de sel sur près de 40 000 hectares. Tantôt la végétation permet aux vigognes de faire leur coquette en posant avec leur meilleur profil devant la caméra ou bien le sable prend le dessus, et rend le paysage vide de toute vie.

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Tres Morros altitude 3500m…un peu isolé!

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Puis lente ascension vers un col à 4200m pour descendre la Cuesta de Lipan avec un dénivelé vertigineux de 2000m en 30 kms vers Purmamarca : frein moteur exigé!

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Puerta de Lipan : après l’aridité de l’altitude, surgissent de surprenantes formations géologiques en forme de cheminée colorées.

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Enfin arrivée à Purmamarca altitude 2200m –
Le tourbillon de paysages aux multiples variantes de notre journée se termine sur un feu d’artifice: la Quebrada de Humahuaca, dite la Quebrada aux sept couleurs…

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Un peu de repos pour se remettre de tant d’émotions!

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8 janvier 2014
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Quebradas, Canyones y Cuestas!

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Voilà maintenant plusieurs jours que nous remontons le long de la Cordillère des Andes vers le Nord, depuis La Rioja vers Salta, en découvrant chaque jour de nouveaux paysages spectaculaires.

Les strates sédimentaires soulevées par les différents mouvements tectoniques, puis érodées par le vent et l’eau, nous proposent une fascinante polychromie: grès aux couleurs chaudes, ocres rouge, nuances de vert et beige…  C’est un vrai livre de géologie à ciel ouvert!

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Quebrada (Gorge), Canyon ou Cuesta (Côte) se succèdent au fil des virages de la piste.

Ischigualasto ou la Vallée de la Lune:

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Canyon de Talampaya:

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Quebrada de Cafayate:

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Quebrada de las Flechas:

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6 janvier 2014
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Des dinosaures pour Nathan & Alice

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Il y a très, très longtemps, il y a 230 millions d’années, à une époque qu’on appelle le triasique, vivaient de nombreux dinosaures dans une grande vallée au Nord Ouest de l’Argentine appelée Ischigualasto.

Alors qu’une gentille famille des dinosaures à petites têtes et gros corps se promenait nonchalamment, elle rencontra les méchants raptors carnivores en train d’attaquer leurs voisins. Ils ne pouvaient rien y faire….la vie était souvent violente entre eux en ce temps là, c’était comme ça!

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Aussi notre famille de dinosaures et leurs descendants, pacifiques et herbivores, continuèrent -t-ils à manger « tranquille » des tonnes d’herbes pendant quelques milliers d’années en « total lâcher prise » …

Jusqu’au jour où …. patatrac!
Une mystérieuse météorite venue de l’espace s’écrasa sur la Terre. Sous le choc, le sol se souleva en certains endroits et créa ainsi des montagnes aux couleurs féeriques d’ocre, de rouge et de noir et d’immenses canyons comme celui de Talampaya.

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Malheureusement, cet événement transforma également le climat de cette région verdoyante en une zone aride et semi-désertique.

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Fini la belle herbe, que des cailloux!
Dans ces paysages parfois lunaires, les dinosaures n’ayant plus assez à manger, disparurent les uns après les autres, pour la grande chance des ancêtres des humains qui n’auraient pas pu lutter contre ces créatures.

Pour preuve, il faut voir Maminou faire semblant de se défendre pour comprendre combien la vie aurait été impossible avec ces gros bestiaux!

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5 janvier 2014
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Nino Alcalde

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Arrivée le 1er janvier en début d’après-midi à La Rioja, petite bourgade de l’intérieur du pays.
Le thermomètre de la pharmacie indique plus de 40°, la ville paraît morte, c’est visiblement l’heure de la sieste…

Nous sommes cependant intrigués par la présence d’énormes haut parleurs aux coins des rues principales, étrange pour une petite localité endormie…

Après la sieste, figure imposée dans la région l’été, nous découvrons une ville transformée: de nombreux villageois accourent vers la place de la Cathédrale, les hommes portent des bâtons ornés de boules et de rubans de papier multicolores et les dames des sortes de diadèmes avec des fleurs et aussi des rubans.

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Certains hommes en pénitence viennent se prosterner à genoux devant des statues dans la cathédrale.

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Certaines jeunes filles arrivent à concilier piété et dernière mode argentine: chaussures à plateformes et shorts moulants…

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Que se passe-t-il donc?

C’est la célébration annuelle du Nino Alcalde ou Fiesta do Tinkunaco!

Alors que les indiens Diaguitas ont fortement résisté à la colonisation espagnole et que la tension était extrême entre les deux communautés c’est en 1593, un frère jésuite est allé au devant des indiens avec une image du Christ enfant. Les Diaguitas ont alors accepté la paix avec les Espagnols à la double condition que l’alcalde espagnol (maire) démissionne et que l’Enfant Jésus soit sont remplaçant. Le nouveau maire fut alors nommé « Nino Jésus Alcalde ». Les indiens se sont ensuite progressivement convertis à un catholicisme mêlé de syncrétisme.

Depuis cette date une fête annuelle rend hommage à cette paix de 1593, avec une grande procession qui présente la statue du Nino Alcalde, ainsi que celle de Saint Nicolas de Bari. Cette statue sculptée au XVIIe en bois de noyer est elle aussi fédératrice entre les deux communautés de part sa couleur sombre: les habitants l’appellent affectueusement « nuestro santo moreno », notre saint bronzé.

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Les descendants des indiens, ornés de coiffes en papier et de miroirs, portent le Nino Alcalde tandis que les descendants des colons portent Saint Nicolas de Bari.

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Rencontre, fusion et tolérance sont les maîtres-mots de cette célébration.

Nous avons été frappés par les messages religieux scandants la procession: paix et solidarité entre les communautés mais aussi des messages de nature politique plus rare dans l’église européenne, tels que « Notre priorité absolue doit être l’aide aux plus démunis » et « Luttons contre le cynisme du Consumérisme »!

Nous avons alors beaucoup mieux compris l’origine des messages du Pape François, si novateurs après ceux de ses prédécesseurs.

31 décembre 2013
par admin
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Peintures urbaines

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On a du mal à utiliser le terme de Tag ou de graffiti lorsque l’on rencontre des peintures aussi élaborées et esthétiques, le terme de peinture urbaine paraît plus juste.

Quelle joie de retrouver à Buenos Aires cet art qui nous avait ravi en Australie, à Adélaïde, Melbourne et Sidney.

A peine quitté notre hôtel, Avenida Córdoba, nous tombons sur ces peintures superbes qui augurent bien de notre séjour:

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Certaines peintures sont plus discrètes sur un coin de mur:

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D’autres envahissent les rideaux des magasins le soir:

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De vraies fresques enfin:

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31 décembre 2013
par admin
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Buenos Aires

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« La vida es un a Milonga y hay que saber bailarla! »

Arrivés à 1 heure du matin, après 24 heures de voyage et avec une température extérieure de 28°C, engoncés dans notre taxi, nos yeux scrutent la nuit en recherche de repères.
Évidemment, ce que l’on remarque n’est souvent pas le plus plaisant: trottoirs défoncés, poubelles renversées, les quartiers chics discrètement éclairés s’effaçant devant de grandes avenues impersonnelles qui croisent en angle droit des petites rues grises…

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Soudain, un sourire, un repère: notre boutique-hôtel, le bien nommé Tanguero Hôtel.
Charme d’antan, culte suranné des années 40, vitrines en bois au verre bombé abritant révérencieusement des reliques du tango: chaussures, peignes, photos, collier de perles…

Nous voici au moins arrivés dans le Mythe du tango argentin de Buenos Aires… La « conexión » est faite!

Comme toutes les grandes villes, Buenos Aires s’apprivoise d’autant qu’elle se présente dans son centre, comme une mosaïque de petits quartiers, très différents en esprit, en architecture, en fréquentation…
Aussi, nous souhaitons vous faire partager dans la découverte de ce cocktail « porteno »,
l’arc-en-ciel de nos émotions

Ce qui nous a vraiment plu:
Barrio de San Telmo

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Des ruelles pavées, des maisons basses coloniales, des antiquaires « ambiance Saint Ouen » avec des pièces exceptionnelles art nouveau, un rendez vous dominical de charme où tous les amateurs de tango – jeunes, vieux, avertis ou pas- viennent danser Plaza Dorrego en fin d’après- midi sous les jacarendas.

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Ce qui nous avons trouvé plaisant sans être exceptionnel:
Barrio de Palermo Viejo

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Se veut le secteur le plus branché de la capitale style Soho à NY avec de nombreuses boutiques dites de créateurs dans un cadre de maisons basses coloniales et d’allées verdoyantes…si c’est l’intention qui compte, …ok!

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Également , Puerto Madero est une réhabilitation réussie d’une ancienne zone portuaire où les entrepôts en briques sont devenus des lofts et des bureaux, bordant les quais animés de restaurants. Agréable flânerie en soirée au bord de l’eau, appréciable quand la température de la journée a atteint des sommets à 39°C !

Ce qui nous a fortement intéressé:
Le Musée d’Art Latino-américain de Buenos Aires dit le MALBA

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Ce vaste musée d’art Moderne à l’architecture contemporaine -murs de verre et panneaux zénithaux métalliques- présente une rétrospective unique des artistes Sud-américains du 20ème siècle a nos jours.
Les artistes latino-américains venus en début de siècle à Paris, Madrid, Berlin ont relayés dans leurs pays, certes avec leur sensibilité, les mouvements et les travaux d’artistes cubistes, fauvistes etc…Au fil du temps, les artistes latinos ont atteint leurs propres autonomie et expression.

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Un moment délicieux de retrouvailles avec des peintres tels que Diego Riviera, Frida Kahlo, Fernando Botero… ou de découvertes avec Tarsilo do Amaral, Antonio Berni, Jorge de la Vera…

Ce qui nous a ému:
Las Madres de la Plaza de Mayo

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Durant la dictature de 1976 à 1983, de nombreuses disparitions de jeunes gens jugés dissidents par la junte militaire ont eu lieu: probablement torturés, assassinés sans sépulture, rarement rendus à leurs familles.
Ces morts n’ont jamais été élucidées ni reconnues officiellement, même après cette période que les argentins ont appelé la « guerre sale ».
Le mouvement des « Mères de la Place Mayo » luttent depuis presque 40 ans contre l’oubli, revendiquent le devoir de mémoire et l’accès aux archives historiques. Même si parfois ce mouvement a été récupéré politiquement, c’est émouvant de voir ces banderoles, de palper cette souffrance si présente aussi dans la littérature argentine.

Ce qui nous est apparu comme une curiosité:
Le Cimetière de la Recoleta

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Conçu comme un quartier ramassé d’allées principales bordées de sculptures et de ruelles étroites , les tombeaux de marbres imposants et les cryptes plus modestes se serrent les uns contre les autres. Ballade riche d’histoire de présidents, d’hommes politiques et de célébrités comme Eva Peron, « Évita » , adulée encore par certains portenos.

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Ce qui nous a fait tourner la tête: El Tango
Comment vous dire comme l’art est difficile!
Il vous suffit de comparer:

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Un point commun toutefois: le cœur y est!

Ce soir, Réveillon dans une des plus anciennes milongas  » Confiteria Idéal » , où le temps semble figé dans son passé alors que tous les âges virevoltent dans la jeunesse de leur cœur.

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29 décembre 2013
par admin
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Les plaies de l’Histoire Argentine ne sont pas refermées…

 

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Ce ne doit pas être simple pour un élève argentin d’apprendre l’Histoire de son pays: Coups d’état, conflits frontaliers, juntes militaires, expériences populistes, népotisme et dirigeants corrompus se sont succédés tout au long du XXe siècle.  Depuis 1983, s’est installée une démocratie que les Argentins espèrent durable.

Toutefois aujourd’hui deux impressions dominent quand même:

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Défiance et mécontentement importants envers le pouvoir en place: de fortes grilles et des policiers anti-émeutes sont placés devant le palais présidentiel, les manifestations très bruyantes sont quotidiennes.  En ce moment de vague de chaleur estivale, il y a de nombreuses coupures d’eau et d’électricité qui exaspèrent la population.
Cristina Kirchner est en difficulté après avoir perdu les élections partielles d’octobre dernier.  Les Argentins lui reprochent de nier la réalité de l’inflation (officiellement de 10% mais réellement à 27%).  Ironiquement nous avons rencontré un chauffeur de taxi qui a fait spontanément un parallèle avec François Hollande et son analyse très personnelle des chiffres du chômage en France!
Bref, on sent une instabilité politique qui continue.

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Les crimes commis par la Junte Militaire n’ont pas été oubliés et les Madres de la Plaza de Mayo continuent de demander des enquêtes pour retrouver leurs enfants et petits enfants disparus. En effet, il s’agissait souvent de jeunes couples engagés politiquement que les militaires kidnappaient, torturaient puis tuaient. Le drame ne s’arrêtait pas là car les militaires faisait ensuite adopter les enfants désormais orphelins sous une nouvelle identité. Aujourd’hui ces enfants, qui ont l’âge des nôtres, ne savent probablement qui est leur vraie famille…

Le régime dictatorial a été destitué en 1983, il n’y a vraiment pas bien longtemps.

Le parallèle avec notre vie est saisissant, si nous avions été argentins à cette même époque, peut être que, nous aussi, nous aurions disparu…